Et voici la dernière étape de ce road trip Corse… Entre mer & montagne, falaises et plages de sable blanc, maquis et forêts de pins, chemins tortueux et routes sinueuses, l’Île de Beauté nous a emmené bien plus loin que ce que l’on s’était imaginé en préparant le voyage. On y a parfois retrouvé les paysages des highlands d’Écosse, on s’est senti un peu en Italie et on s’est même retrouvés sur les routes du nord-ouest américain… Une île aux nombreuses facettes, un voyage plein de découvertes…
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mercredi 30 sept 2015
Erbalunga
La veille, en arrivant de nuit, nous n’avons pas trouvé d’endroits abrités où s’arrêter dans la nature et ce matin on replie notre tente de toit dans un nouveau camping. On retourne sur nos pas pour se rendre au petit village d’Erbalunga, pour un ravitaillement en vue de la rando de l’après-midi et surtout pour flâner un peu dans les petites ruelles brutes aux murs pastels de ce village les pieds dans l’eau. On file au bord de la tour génoise et en repartant, au détour d’une allée, un gros chien nous emmène sur la place du village, paisible. Il est encore un peu tôt pour que les terrasses au soleil soient remplies des derniers touristes de la saison, alors assis à l’ombre des arbres – dont les feuilles se teintent déjà de nuances automnales – on se pose, on prend le temps et on remarque deux pécheurs rentrer bredouille, la canne sous le bras, apparemment pas vraiment heureux de voir des « touristes » ce matin… On comprend vite que ce beau village doit être bondé tout l’été et on sent bien la lassitude des habitants à croiser des appareils photo (je ne les prenais pourtant pas en photo). N’aimant pas vraiment être dévisagés comme ça, on repart tout vite, nos croissants et nos sandwichs en baluchon.
Le sentier des Douaniers de Macinaggio à Barcaggio
Le croissant avalé, on reprend la route vers le nord, pour s’arrêter un peu plus loin à Macinaggio et commencer la randonnée du sentier des Douaniers. Le chemin, de 8h30 de marche dans son intégralité, longe tout le littoral du Cap Corse, traverse le maquis, les longues plages, les criques plus petites et les falaises et permet surtout de croiser bon nombre des tours génoises qui gardaient autrefois l’île des invasions barbares.
C’est chez Alexandra, On my way que j’ai repéré cette portion de sentier peu avant notre départ et elle le racontait si bien qu’il est devenu évident qu’il fallait y aller ! On a adoré marcher ici, les paysages devenant au fil des heures de plus en plus jolis, rythmés par ces nuances si fidèles à la Corse : bleus, verts, gris, bleus, verts, ocre… Le vent qui bat la cadence, entrainant nos mollets mi-rodés mi-usés à défier la fatigue et le soleil qui chauffe fort, pour avancer à bon rythme. Les paysages et leur histoires s’enchainent : les îles Finocchiarola, une réserve naturelle protégée pour de nombreuses espèces oiseaux et plantes endémiques, la tour de Santa-Maria, une des plus jolies tour génoises les pieds dans l’eau, érodée par les vagues et enfin l’île de Giraglia, le point le plus au Nord de toute la Corse, annonçant la fin de notre étape.
On a adoré cette randonnée jusqu’au moment où… Jusqu’au moment où l’on s’est trompés de chemin, en s’enfonçant petit à petit dans le maquis, les champs de culture et les forêts… Un regard sur la montre a suffit à nous mettre une pression folle. « Ok, plus qu’une demi-heure avant le dernier bateau du retour, il faut se speeder ». Mais rien à faire… Plus l’on avançait, plus le chemin qui nous paraissait, vue d’en haut, le plus direct nous éloignait du point d’arrivée, la ville de Barcaggio et de la dernière navette maritime à 15h. Trop tard, tant pis… Après avoir pesté un bon coup sur le sentier mal indiqué, après avoir boudé un peu en se rendant compte que le retour en bateau, les points de vue sur la côte et les tours génoises depuis la mer c’était loupé, on a terminé le chemin au rythme d’escargots, profitant du temps que l’on avait devant nous pour tremper nos pieds dans l’eau et se commander une bière fraiche en terrasse.
Vue l’heure (et les ampoules à mes pieds), il était impossible de faire la randonnée en sens inverse pour retrouver notre voiture. De nuit, sans frontales et à flanc de falaises, c’était un chouïa risqué. Deux autres solutions à l’horizon : trouver un hôtel pour la nuit et repartir le lendemain matin en bateau ou tenter un retour en stop. On choisi la deuxième solution et après 1h de marche et de nombreux refus de petits vieux seuls dans leurs voitures trop propres et trop brillantes pour prendre deux jeunes aux chaussures crotteuses, le pickup de Jean-Pierre s’arrête et nous permet de faire un bon bout de route avec lui. Alexandre monte sur le siège passager et je saute dans la remorque, je m’accroche aux sacs de nourriture pour les vaches pour m’équilibrer dans les virages, le cou rentré au maximum mais le sourire pleines dents en plein vent face aux paysages qu’on laisse derrière nous au fil des kilomètres. Et c’est avec une quinquagénaire canadienne, l’adorable Alisson, que nous terminerons le voyage jusqu’à Macinaggio. Elle nous raconte sa jeunesse au Canada, sa famille en Corse, ses voyages avec son accent qui nous transporte loin. On lui parle de ce voyage en Corse pour la première fois, de nos nuits passées sur le toit de la voiture, de Lille… Une rencontre qui nous fera bien vite oublier ce bateau manqué : c’était quand même vraiment plus enrichissant ♡
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jeudi 1er octobre 2015
de la Marine de Centuri à Nonza
Après une nuit sous la pluie et un réveil dans le froid et la gadoue dans le dernier camping encore ouvert (coup de bol, c’était le dernier jour de la saison lorsque nous sommes arrivés la veille au soir, à l’improviste), on file se réchauffer dans le petit port de Centuri autour d’un thé fumant et de tartines à la confiture, alors que les locaux eux, revenus de leur pêche nocturne en étaient déjà au sandwich à la charcuterie. Tout dans l’ambiance de ce mercredi matin me faisait me sentir bien, malgré le vent frais et la nuit pourrie que l’on avait passé. Ce petit hameaux aux façades colorées. Les rues pavées. Les grands hôtels et restaurants estivaux qui ferment leurs portes pour l’hiver. Le ciel gris. L’odeur iodée apportée par les vents jusqu’à la terrasse venant se mélanger à celle du café chaud. Les récits des marins à coté de nous. Leurs rires. Leur accent. Leurs visages patinés par le soleil. Les allers-venues de ce chien sur le port. Le calme. Et la couleur de cette eau incroyable. Je n’avais jamais vu une eau de cette couleur, laiteuse et opaque. On ouvre les yeux sur tous ces petits détails qui prennent soudainement vie et nous rappellent que la vie est belle quand elle est si simple.
On revient sur nos pas pour faire un petit détour jusqu’au Moulin Mattei pour une vue à 360° sur le Cap Corse. Du nord au sud, d’ouest en est, on voit les falaises et les routes dessiner les pourtours du Cap dans la brume… On lutte contre le vent pour garder l’équilibre mais c’est beau !
Puis on reprend le volant, en longeant le littoral vers le sud… Je me laisse porter par la route et ses courbes presque sensuelles, lancinantes qui doucement m’entrainent dans mes pensées les yeux vers la mer qui embrasse le ciel tout gris… Le spectacle est calme ce matin. Quand soudain, le choc : « Freiiiine, arrête toi maintenant ! » « Oh putain ! » . Je suis soufflée par le paysage qui vient d’apparaître juste après cet énième virage, celui que l’on n’avait pas vu venir par ce temps si maussade. Face à nous, en contrebas, l’Anse d’Aliso vient de nous foutre une belle baffe : l’eau est turquoise, mais turquoise turquoise, couleur piscine ! Les montagnes, la route qui serpente, la crique et l’eau… toutes ces nuances sont incroyables et on repart avec les yeux écarquillés en très grand pour essayer d’enregistrer pour toujours cet instant.
Et puis celui d’après aussi, lorsqu’arrêtés sur une petite place au bord de la route, deux ânes au loin s’approchent doucement de nous… Ils sont trempés mais on a juste envie de leur faire un énorme câlin et de finir les vacances avec eux ♡
On arrive enfin à Nonza, un très (très) beau village coincé entre la montagne et la falaise. Les maisons semblent être greffées à la roche depuis toujours. Marche après marche, on s’enfonce dans les ruelles pavées et humides du village. On prend de la hauteur pour rejoindre le petit restaurant repéré sur le Routard mais pas de bol il vient de fermer ses portes pour la saison… De là-haut, la vue plongeante sur la plage de sable noir est vraiment jolie. J’aime le paysage brut qui apparait sans aucun artifice dans la brume. Et même si le vent se lève et que la pluie ruisselle sur nos capuches, tout parait plus serein par ici…
San Michele
Après un arrêt rapide à Saint-Florent pour déjeuner au sec, on file vers la Castagniccia, ses forêts de châtaigniers denses, ses villages accrochés à la montagne. On n’avait juste pas prévu les torrents d’eau sur la route et le brouillard de plus en plus épais en altitude. Pour les jolis paysages, on repassera, mais on décide de pousser un peu jusqu’à la magnifique église à l’architecture romane de San Michele de Murato, connue pour être particulièrement photogénique avec ses damiers en calcaire et serpentine. Très graphique, on ne voit que cette dame élégante dans le brouillard…
Sur la route du retour – de plus en plus pluvieuse – on fait un stop dans une supérette d‘Oletta et la mamie nous confirme ce que l’on avait lu un peu plus tôt sur la météo de nos téléphones. C’est la tempête. Toute la région est en alerte orage, les routes de la Castagniccia seront fermées demain. Pas de routes, pas de bus, pas d’école et donc tout notre programme du lendemain qui tombe à l’eau (sans mauvais jeu de mots ^^). On reste bien une grosse demi-heure à la caisse, nos courses dans les bras à discuter avec cette dame qui nous raconte qu’elle en a vu défiler des voyageurs dans sa boutique, des familles, des étrangers, des randonneurs du GR20, mais qu’elle, n’a jamais quitté la Corse. Elle passe de longues soirées devant les reportages et documentaires qui la font rêver à d’autres bouts du monde… J’aurais pu rester la soirée à discuter avec elle, en observant le balais des amis-habitués qui venaient faire quelques provisions, prendre et donner des nouvelles, lui taper la bise, lui donner rendez-vous dans deux jours… Une vraie famille. Après nous avoir demandé d’être prudents sur la route on a fini par la quitter sur le pas de la porte, le sourire aux lèvres et un signe de la main pour dire au revoir derrière la buée et les gouttes de la voiture. Elle était si émouvante cette dame…
Cette nuit, nous avons préféré de ne pas tester la tente de toit dans la tempête. On réserve donc une chambre sur les hauteurs de Saint-Florent et heureusement : des vents de 100 à 130km/h sont annoncés !
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vendredi 2 octobre 2015
Au petit matin, la pluie et le vent ne se sont pas calmés et surpriiiiise en voulant repartir : la route est complètement inondée et les bateaux stationnés un peu plus loin ont été emportés par le courant jusque sur la chaussée. Le bitume a complètement disparu sous une eau boueuse laissant tous les clients de l’hôtel pantois, un peu démunis face à cette situation. Tout le monde est bloqué à l’hôtel et il nous est impossible de rejoindre Bastia pour y passer la journée comme prévu. Le stress de louper notre ferry monte tout doucement mais l’eau elle ne descend pas ! On tourne un peu en rond dans la salle de restaurant de l’hôtel alors on décide d’enfiler nos chaussures de rando pour explorer un peu la forêt autour et voir s’il n’y a pas un autre chemin praticable… On se rend vite compte que tout est vraiment bloqué et qu’il faudra simplement être patients… On apprend que le ferry aura 3h de retard, ce qui nous laisse le temps de souffler un peu et d’enfin pouvoir bouquiner :)
Bastia
15h, la crue commence doucement à s’écouler vers la mer. Un premier véhicule tente la traversée. Ça passe ! Une demie-heure plus tard nous quittons enfin l’hôtel pour Bastia sous un ciel bas et sombre. En plein après-midi on a pourtant l’impression que la nuit va tomber. Mais c’est beau. Purée que c’est beau !
De Bastia nous aurons d’abord vu le port humide, les avenues pluvieuses, les ruelles étroites, les murs fatigués, quelques boutiques pour faire le plein de souvenirs gourmands pour la famille ainsi qu’un café qui nous servira de refuge pour attendre le ferry. 2 ristrettos, 4 bières et des 2 assiettes de cannellonis plus tard (oui, on est un peu restés 3-4h sur les fauteuils club du Café de la Paix) la pluie a cessé et on en profite pour filer découvrir la ville qui s’anime au rythme et des rires et des lumières derrières les vitres embuées des cafés et des restaurants… Bastia aura fini par me charmer, me donner envie d’y revenir, d’y revenir mais en mieux ♡
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lundi 3 octobre 2016.
Un an après, je ferme enfin la page de ce carnet de route Corse. Un voyage au rythme des virages et des paysages qui nous aura marqué, transformés. Comme toujours c’est encore plus fatigués que nous sommes rentrés à la maison, après plus de 2550km de bitume avalé en 15 jours… Mais qu’est ce qu’on est bien derrière un volant ! Tellement bien, qu’à l’heure où je vous écris (dans le hall de la gare Lille Flandres) nous sommes en route pour un nouveau voyage…
Un immense merci pour tous vos messages sur ce carnet de bord, vous lire me donne des sourires immenses à chaque fois ♡ Merci merci merci !
À très vite sur insta :)
24 commentaires
Que c’est beau, que c’est beau, que c’est beau!!! :D
J’ai découvert la Corse l’année dernière très rapidement, et j’ai vite été charmée!
Ton article et tes photos me donne encore plus envie d’y retourner! Bientôt j’espère :D
Merci Violaine ! En espérant que tu puisses vite y retourner un peu plus longtemps pour mieux la découvrir :)
Quelle aventure cette rando! J’aurais flippé bien comme il faut! En tous cas c’est toujours un plaisir de te lire et de voyager avec toi. Tes photos sont magnifiques!
Haha, non même pas peur, on s’est adaptés (pas le choix) et finalement on ne regrette pas que ce soit passé ainsi : de beaux souvenirs en y repensant :)
Merci beaucoup Cyrielle ♡
Quelle aventure !!! Tes clichés sont superbes en tout cas.
Haha, oui une sacrée aventure ces derniers jours en Corse, on s’en souviendra longtemps !
Merci beaucoup :)
Que c’est beau la Corse! ça me donne envie d’y retourner!!
Oh oui, j’ai adoré ce voyage ♡
Ce n’est pas la partie de l’île la plus facile à photographier, bravo!
Ha bon ? Je me suis pourtant régalée ;-)
Magnifique voyage sur lequel cet article vient refermer la page, merci de l’avoir partagé avec nous par de si belles photos.
Un grand merci Marion pour tes messages toujours adorables tout au long de cette série ♡
Oh purée!! quelle aventure, tu m’as filé les frissons :/
Je me souvenais de ta venue à cette période apocalyptique, mais je viens d’en prendre toute la mesure avec tes mots et tes photos… et comme je suis triste que tu n’aies pas pu voir ces paysages tels qu’ils le sont vraiment, avec des couleurs sensationnelles!
Tes photos ont un petit côté mystique mais il faudra que tu reviennes pour voir des plages TURQUOISES TURQUOISES tout le long de ton parcours, parce qu’en vrai c’est plutôt turquoise que bleu foncé… :'(
Contente que ça t’ait plu malgré tout, et j’espère vraiment que tu auras l’occasion de revenir, et cette fois je vous ferais découvrir des endroits bien sympas et de chouettes randonnées dans les terres!
Bon après-midi, Bises
Alex
Oulala si c’est toi notre guide on revient illico en Corse !
Oui je me souviens bien de la couleur de tes photos lors de ta rando du Cap Corse, haha ;-) Mais en même temps, j’aime aussi beaucoup ces nuances de bleus sombres :)
Et oui, c’était vraiment le déluge cette fin de voyage ! J’espère revenir et revoir le nord-est sous un meilleur jour cette fois-ci, j’y crois ! (Quoi que, on est plutôt des poisseux en voyage ces derniers temps…)
Bises Alex, merci pour ton message par ici !
Non mais cette série sur la Corse… Moi qui rêve d’y aller… Magnifique
Bon, gros coup de cœur pour les deux ânes ♥️ (passion pour cet animal, je craque!)
Oh ♡ Trop contente qu’elle te plaise Pauline, merci pour ton petit mot :)
Haaa mais comme toi, j’adore cet animal (quand j’srai grande, j’aurais des ânes !)
Découvrir la Corse avec tes mots et tes magnifiques photos est un vrai plaisir !
Merci de nous faire partager ces moments intenses de votre voyage.
Et j’avoue que ce dernier volet est riche en émotions ! Entre la rando et la tempête…pas mal !
Je n’ai pas encore eu l’occasion de visiter la Corse mais j’en ai encore plus envie maintenant ! ♡
Très bon week-end à toi et bon nouveau voyage !
Merci à toi Marjolaine d’être venue me lire, c’est un plaisir de partager ça quand de l’autre côté, je sais que vous serez au rendez-vous :)
Oui ces derniers jours auront été intenses et plein de surprises ! (je ne te parle pas du retour en ferry de nuit qui, avec la tempête, a été une vraie catastrophe haha ^^)
J’espère que tu auras l’occasion d’y voyager, cette île est belle ♡
La Corse dans le gris, tellement de contrastes, c’est trop joli! Je ne connaissais pas encore la partie Nord mais je garde ton trajet dans un coin de mes projets…
Merci pour le voyage!
C’est vrai que les nuages et ce temps maussade apportent un petit truc, une belle ambiance que je n’aurais pas eu avec ciel bleu et soleil tapant :)
Avec plaisir Claire !
Maintenant j’ai envie de partir en Corse! Surtout que je n’ai jamais eu l’occasion de la découvrir :) Tes clichés donnent envie de s’évader là bas ♥
La Corse abrite des paysages vraiment beaux, alors si tu as l’occasion, fonces ! ♡
J’adore ! ça me donne envie de repartir en Corse tout de suite, les photos sont si belles <3
Oh merci beaucoup ! Sous le ciel gris ou bleu, les paysages de Corse sont magiques !