L’Égypte #3 : Au fil du Nil

Un immense MERCI pour tous vos commentaires sur mes deux précédents articles.

Je suis touchée par vos mots et j’espère réussir à vous emporter encore un peu en Égypte à travers les prochains posts…

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Réveil à Edfou et ce matin, pendant que les plus courageux partent aux aurores pour un footing, un autre groupe décide d’aller faire un petit tour pour découvrir la ville, en attendant le départ pour notre visite du temple. Il est tôt, mais les rues sont chaudes et calmes. Le sable roule sous nos sandales. Les façades se parent de couleurs vives ou sont laissées à nu. Le linge pendu aux fenêtres doit déjà être sec depuis longtemps et le persiennes sont, pour la plupart, fermées pour garder un peu de fraicheur.

Un troupeau de vaches, très maigres, trouve refuge à l’ombre d’une étable de fortune en feuilles de palmier. On croise quelques motos, des vélos et un pickup qui klaxonne une charrette tirée par un âne. Des guirlandes argentées ornent quelques rues pour fêter le début du ramadan qui approche. De vieilles voitures attendent là d’être réparées, ou récupérées. Au loin, ou tout près, les oiseaux piaillent.

Les enfants jouent dehors. Cette belle petite fille est tranquillement assise sur le perron de sa maison. Elle nous regarde. Il faut dire qu’un groupe de huit touristes à 7h du matin, ça ne court pas les rues d’Edfou… Je garde mon appareil photos dans ma main, éteint. Je ne veux pas lui voler ce moment. La photo serait pourtant parfaite, un beau tableau d’une enfant dans la rue, le mur décrépi en arrière plan. Mais je n’ai pas envie. Et je suis mal à l’aise dans cette rue à nous voir photographier la vie des habitants comme si l’on était au zoo. Je sais, et je vous assure, que ce n’est pourtant pas du tout notre démarche. Mais à cet instant précis, c’est ce que je ressens. Un malaise qui sera vite oublié grâce à ce petit garçon venu spontanément se faire tirer le portrait par Gaëtan. L’enfant a le sourire jusqu’aux oreilles de se voir en photo. Les rires sonnent dans la rue calme et rapidement le petit garçon est rejoint par un copain. Ils s’amusent à poser devant nos appareils : ces moments là me donnent la pêche (et les larmes aux yeux en passant ^^). Le regard franc, le sourire et l’air étonné de ce gamin lorsque je lui demande comment il s’appelle resteront pour longtemps un beau souvenir…

Alors oui, il y’a eu le malaise, la gêne et l’impression d’être de trop, de faire irruption dans leur quotidien tranquille. Et puis il y’a des émotions qui nous tombent sur le coin du nez sans que l’on s’y attende. Il y’a ces petits gestes qui chamboulent et réconfortent : un regard, un sourire partagé, un signe de tête… Ce monsieur sur son banc s’est recoiffé et nous a souri. En un regard il nous a autorisé à lui voler son portrait…

Il est 8h30 et nous avons rendez-vous avec Mustafa et sa jument Aziza, car c’est en calèche que nous rejoignons le temple d’Edfou. J’avoue qu’au début, je n’étais pas franchement enchantée de traverser la ville dans une « calèche pour touristes » surtout avec une jument enceinte… Mais voilà, j’ai au final saisi l’opportunité d’être plongée dans l’effervescence de la ville un jour de marché, d’observer de près le quotidien des égyptiens sans le filtre de la vitre du mini-van qui étouffe le bruit de la ville, sans la clim qui te fait croire qu’il ne fait pas si chaud que ça. J’ai saisi cette chance de croiser tous ces gens qui travaillent, qui « conduisent », qui achètent, qui discutent et fument une chicha, qui échangent. Qui vivent, tout simplement.

Le temple d’Edfou était consacré au dieu Horus et même si les coptes ont martelé avec fureur toutes les représentations des divinités (païennes, selon eux), l’architecture du temple est dingue, grandiose, étourdissante ! On est vraiment minuscules face au pylône de 36m de haut sur lequel Ptolémée XXII sacrifie ses ennemis devant le Dieu Horus et sa femme. C’est un plaisir pour l’œil que de déambuler dans ce temple. Alors on fait le tour de la première cours par le portique bordé de colonnes aux chapiteaux variés et, attirés par les nombreuses lignes de fuites, on a envie d’explorer chaque recoin du temple. La salle hypostyles avec son plafond noirci par les autodafés des coptes, le sanctuaire et ses dix chapelles obscures tout autour, ces escaliers circulaires ou rectilignes qui montent vers le toit, cette peinture magique représentant la Déesse Nout… Ce lieu est rempli de mystères, chargé d’histoires.

Le temple du Dieu Horus est un véritable labyrinthe dans lequel chaque pas que l’on fait nous plonge un peu plus dans la peau d’un explorateur…

Et cette sensation est encore renforcée, lorsque l’on se laisse bercer par les légendes et le mythe d’Osiris (le père d’Horus) que nous raconte si bien Khaled… Mais ce qui m’a le plus frappée dans ce temple c’est le jeux permanent d’ombres et de lumières, ces contre-jour, ces puits de lumière qui font danser la poussière et rendent l’atmosphère si mystique.

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11h. Une nouvelle journée de navigation sur le Nil reprend tout doucement. On se laisse porter par les flots à la poupe du bateau en profitant de la fraicheur de notre chambre pour contempler la vue depuis le lit. Et même si l’appel de la sieste est tentant, il m’est impossible de décrocher le regard du paysage qui défile…

Et puis de temps en temps, on sort sur les coursives pour écouter le bruit de l’eau, regarder le mouvement hypnotique des remous, sentir le vent chaud sur nos bras. Mais c’est la fin de journée que je préfère, quand l’air devient légèrement plus frais. Lorsque le pont supérieur devient notre salon et que l’on se retrouve tous là-haut autour d’un thé à la menthe. Un carnet sous le bras pour y écrire et dessiner nos journées, l’appareil photo jamais bien loin, prêt à déclencher… J’aime ces moments suspendus, ces regards perdus au loin. Je me rends compte que ce voyage est beau parce que les personnes qui nous accompagnent sont belles, elles aussi. Une colo à l’ambiance sereine, drôle et ressourçante. C’est rigolo de sentir nos co-voyageurs devenir au fil des jours des amis :)

Et lorsqu’on approche doucement de Kôm Ombo, le soleil se couche, distillant ses derniers rayons dorés sur le paysage et les visages de mes compagnons de voyage…

C’est à la nuit tombée que nous visitons le temple de Kôm Ombo édifié en l’honneur de deux dieux différents : le dieu Sobek, le dieu du mal et son frère le dieu Horus qui apporte l’ordre et le bien. Une dualité que l’on retrouve dans l’architecture du temple, unique en Égypte. La visite nocturne est particulière et les reliefs sculptés reprennent vie grâce à la lumière des projecteurs. Une atmosphère unique envahit le lieu lorsqu’une coupure de courant nous plonge dans le noir et que notre guide nous raconte avec passion la découverte du premier calendrier astronomique conçu 2700 ans avant JC.

Ce soir après la soirée blanche organisée sur le bateau, nous fermons les yeux en essayant de graver au creux de soi les belles images, les beaux moments, les beaux sourires de la journée :) Demain, sera notre dernière journée de navigation à bord du Sudan, le temps file si vite…

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Merci à Voyageurs du Monde, notre partenaire pour ce beau voyage…