Cet article date de juillet 2018, il était grand temps de cliquer sur Publier !

 

Mi mars (2018 donc), je planifiais déjà ce petit week-end dans la semaine en Normandie. Prendre l’air pour de bon, se reposer, ne pas courir et profiter. Profiter de nous, d’être là, du vent et du soleil. Profiter de ces semaines-gruyères de mai comme des vacances pour s’éclipser. Habituée à partir hors saison, je n’avais pas pensé que les ponts de mai ensoleillés, ça voulait aussi dire foule et vacanciers à gogo, rues noires de monde, bords de falaises squattées par les imprudents. Mais qu’importe, on y est allés à notre rythme en mettant des oeillères sur ce que l’on ne voulait pas voir, on est restés dans notre bulle, ne retenant que le plus beau.

 

Honfleur

Jeudi matin je prends le volant pour embarquer mon barbu dans une destination surprise, pas restée surprise très longtemps ! Avec quelques indices et même en essayant de brouiller les pistes, il a trouvé : direction la belle Normandie à 3h de la maison. Après avoir passé le pont de Tancarville, premier stop à Honfleur (un jour férié, ce n’était pas l’idée du siècle, pas bravo Alice !). On tourne en rond sur le parking gratuit avant de réussir à trouver une place puis on s’échappe vite de la foule dans les petites rues du centre ville. La ville est vraiment jolie, avec ses maisons de briques et colombages, son église tout en bois comme sortie tout droit d’un film de vikings et ses rues pavées. Le clou du spectacle, le port de plaisance bordé de ses mythiques maisons hautes, est forcément the place to be pour boire une pinte de Stella à 7€ dans les transats au soleil. On passe notre tour, préfèrant se poser les pieds dans le vide au dessus des bateaux, le temps d’une glace, avant de repartir aussitôt dans les petites rues qui montent. Direction le Panorama Mont-Joli pour admirer la ville vue d’en haut. À l’abri du soleil dans une forêt fraiche, à l’abri de la foule bruyante, on s’offre quelques instants perchés pour se dire que nous reviendrons, hors saison, quand le froid de l’automne aura fait fuir les moins aventureux ;)





 Nous vous conseillons de monter au panorama du Mont Joly par la Rue Charrière de Grâce et de redescendre par la voie communale du Mont Joly > Voir l’itinéraire
 


Étretat, par la falaise d’Aval

Puis direction Étretat. Je ne me lasse jamais de m’y promener. Qu’importe la saison, qu’importe le monde autour, les falaises sont toujours aussi spectaculaires. Je reste toujours fascinée par cette côte majestueuse qui se détache de la mer. Il règne ici une ambiance toute particulière qui n’échappe à personne. Un spectacle qui nous attire comme un aimant, qui nous tient fermement par le bide, par les yeux. Qui libère la tête et rempli les cartes mémoire !

Je vous avais déjà parlé d’Étretat par ici, en vous racontant notre périple au bas des falaises de la porte d’Amont, mais cette fois-ci, pour la première fois, nous montons sur la falaise d’Aval pour profiter d’un autre point de vue sur la mer. Il est près de 20h quand nous arrivons sur le parking de la Chapelle qui se vide peu à peu. On se gare à plat en prévision de la nuit et nous voilà déjà assis dans les herbes hautes pour profiter d’un apéro avec vue. Au coucher du soleil, les reliefs que la mer a sculptés sans relâche jour après jour, sont au coeur du spectacle. L’Aiguille Creuse dans laquelle Arsène Lupin a caché son trésor s’éclaire et se dresse contre l’indigo infini de la mer, tel un géant de calcaire qui protègerait l’entrée secrète. On se pose là, assis dans la rosée du soir, une bière dans la main. Impossible de partir malgré le froid du printemps qui se lève à mesure que le soleil descend vers l’horizon. Qu’importe, on est là et on est ailleurs, les falaises captivent nos regards et empêchent nos corps de fuir.


On sait que le lendemain matin au réveil, le spectacle sera encore différent et on attend que les dernières lumières du jour s’éteignent dans la mer pour rejoindre notre voiture-couchette. Le plus beau spectacle était surement cette sortie nocturne, quand après une crise d’angoisse dans le trop peu d’espace que nous laisse la 207, je suis sortie prendre l’air frais de la mer. La lumière d’un phare dans la nuit, balayait l’horizon à intervalles réguliers, et même si la brume légère m’empêchait de voir les falaises, les étoiles, elles, ne s’étaient pas faites prier pour se montrer. Rien de plus efficace que de respirer à pleins poumons sous la voie lactée, dans le vent froid, pour remettre en place ses idées :)


Le lendemain on est partis explorer plus longtemps les falaises qui courent vers l’Est jusqu’à Fécamp que l’on devine au loin, nous réjouissant tous les 10 mètres des nouveaux points de vue qui s’ouvraient devant nous. Autant de visages de cette côte d’Albâtre que nous ne connaissions pas encore et encore 1000 autres à découvrir pour les prochaines fois…

La Maison Plûme, cocon de bonheur

C’est donc rien que pour ce lieu, rien que pour cette vue sur Seine que nous sommes partis en Normandie. À peine avait-on ouvert la porte de la chambre que nos regards se sont échappés par la fenêtre. Ouverte sur l’extérieur le vent tiède nous appelait à rejoindre la terrasse de la Maison Plûme.

Face à nous, la Seine qui s’écoule vers la mer dans une douce mélodie. Perchée sur le balcon, je ne me lasse pas d’écouter les clapotis de l’eau, qui se font encore plus intenses quand les paquebots remontent le fleuve, laissant dans leurs sillages des vagues qui frappent doucement les quais. Le spectacle est apaisant, surtout quand le soir se couche dans le ciel, distribuant tout son nuancier de bleus, d’oranges et de roses. On pourrait passer la nuit ici, sur cette terrasse en bois, enroulés dans des plaids à écouter le vent, mais le bleu profond des murs de la chambre nous enlace si bien, que l’on n’a pas de mal à se blottir sous les draps, les rideaux toujours ouverts, pour attendre le spectacle du petit matin…

On s’est laissés porter par ce village des boucles de la Seine, par cette maison nichée au bord de l’eau, ce petit hôtel de France et sa terrasse sur laquelle sont venus se prélasser Guillaume Apollinaire et sa bande d’amis. Cette maison c’est le rêve d’enfance de Jeanne qui a grandi à Villequier, et a toujours voulu y habiter. Avec son mari Simon, ils ont su lui rendre son âme : meubles chinés ou de famille, vaisselle faite sur mesure par une céramiste, couleurs sensibles aux murs, décoration canon et produits frais et locaux pour le petit déjeuner, laissez-moi vous dire qu’une seule nuit c’était trop court ! Alors si vous avez envie d’une vraie pause, je vous conseille fortement de réserver une des cinq chambres la maison Plûme. Une maison sereine, un écrin où le temps nous file entre les doigts, une ôde au fleuve qui s’écoule devant nous… (non non, je n’en fait pas trop !)




Veules-les-Roses

En quittant ce cocon, nous sommes allés faire un tour chez le brocanteur du village, chez qui Jeanne et Simon ont chiné beaucoup de leurs jolis meubles, et après avoir discuté de Villequier et de la Belgique, Charly nous a conseillé de passer par Veules-les-Roses sur la route du retour à Lille. Nous avons suivi ses recommandations, avons mangé une galette à midi puis on a fait le tour de la ville en suivant le plus petit fleuve de France, de sa source jusqu’à la mer. On a dressé une (longue) liste de ce qui pourrait nous faire venir vivre en Normandie, on a bavé devant les maisons (ou les villas plutôt) de Veules-les-Roses et, pour s’abriter de la pluie, on s’est arrêté boire un chocolat chaud ultra crémeux avant de repartir pour 2h30 de route.


C’était un beau week-end, un de ceux où l’on prend vraiment le temps, un de ceux qui remplissent d’un bonheur infini, un de ceux que l’on savoure en y repensant quelques mois plus tard, le sourire sur nos visages et des frissons au creux du ventre :)